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Interview au CPAS de Braine-l'Alleud

 

Comment ça va au travail pour le moment, dans ce contexte de déconfinement?

Certaines de nos activités reprennent progressivement, mais de façon qui reste fort limitée. On retourne plus souvent sur notre lieu de travail.

Pouvez-vous décrire en quelques mots votre activité professionnelle en général?

Personnellement je travaille à la coordination sociale : partenariats, mise en place d’actions ou projets avec différents services du CPAS et des partenaires extérieurs, organisation de réunions thématiques, de formations,…

Je suis aussi depuis peu responsable d’un service mixte « Commune-CPAS » qui gère le subside fédéral de participation et activation sociale ainsi que de lutte contre la pauvreté infantile, … Il organise également le conseil communal des enfants, « Eté solidaire », la Journée Emplois BW,  l’Espace Public Numérique, le  Point relais Infor Jeunes, des actions de lutte contre l’isolement des ainés…

Pouvez-vous expliquer en quelques mots la manière dont le confinement a modifié votre travail ?

Nous avons été fort impactés car quasiment toutes les activités qui étaient planifiées ont été supprimées.

D’autres, plus éloignées dans le temps restaient marquées d’un point d’interrogation avec l’impossibilité donc de travailler à leur préparation. On sait à présent qu’elles n’auront pas lieu.

Nous avons tenté de rester au maximum actifs, notamment en organisant des contacts réguliers avec les seniors connus de nos services et en organisant des échanges de courrier « enfants-seniors ». Nous nous sommes rendus disponibles pour des missions propres à la crise (ligne téléphonique info, distribution de masques).

Comment le déconfinement se passe-t-il ?

Certaines activités reprennent mais principalement par téléphone et sur rendez-vous. Les activités de groupe ne sont pas encore à l’ordre du jour.

Quelles sont les questions qui se posent dans votre travail dans ce contexte?

Comment remplir notre mission de favoriser la convivialité, la participation, les partenariats sans contacts physiques, sans se voir, quand on ne peut pas se réunir ? Et comment continuer à lutter contre l’isolement, celui-ci étant encore plus prononcé, voire obligatoire ?

Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez à ce stade dans votre travail et comment envisagez-vous les semaines qui viennent?

A ce stade la difficulté est d’être confrontés à l’incertitude. Nos activités demandent de la préparation. Nous voudrions idéalement, pour chacune d’elles, prévoir un plan « B », pour le cas où elles seraient compromises par la situation sanitaire. Comment les réorganiser en tenant compte d’un groupe éventuellement restreint de participants ? Peut-on la reproduire plusieurs fois à plus petite échelle ? Peut-elle être organisée « à distance » ou de manière virtuelle ?

Nous avions un projet que nous voulions construire avec nos partenaires qui étaient d’ailleurs nombreux à avoir répondu « présent ». Comment entamer ensemble une réflexion, des échanges qui nous permettront de dégager des pistes d’action communes, sans se voir et mener des échanges constructifs ? Faut-il se replier sur des questionnaires écrits, des visioconférénces ? J’ai le sentiment qu’on ne pourra parvenir à la même qualité d’échanges et de collaboration. Ce projet était important pour moi et pouvait déboucher sur des réelles plus-values pour le public fragilisé mais aussi pour les acteurs sociaux, en termes de collaborations, de complémentarité et de connaissance du réseau.

De plus, le fait de ne pouvoir réaliser les actions habituelles et d’être donc sous-employés, fragilise le moral. Un sentiment d’inutilité risque de poindre, avec également la crainte pour la sauvegarde des postes actuellement mis « entre parenthèses ».

De quoi auriez-vous besoin (ressources, outils,…) pour vous aider dans votre travail durant cette période de déconfinement ?

Nous devons nous adapter et adapter nos actions. Il nous faudrait des outils, des idées pour prendre de la hauteur et trouver des nouvelles façons de proposer nos actions.

En ce qui concerne les ainés, cela me parait plus compliqué car cela impliquerait pour eux également un changement d’habitudes et ils y sont souvent moins enclins ou n’en ont pas la possibilité (exemple : visioconférences).

Y a-t-il des choses que vous souhaiteriez garder de cette période de confinement ?

Il y a des initiatives d’entraide et de solidarité qui ont émergé. Je pense qu’on s’est davantage préoccupé de ses voisins, des aînés surtout. Cette dynamique dans certains quartiers est vraiment positive et si elle pouvait perdurer, ce serait fantastique.

A titre personnel, j’ai découvert que je pouvais accomplir pas mal de tâches en télétravail, et que celui-ci a des avantages auxquels je ne pensais pas : le calme, et dès lors une meilleure possibilité de concentration, un rythme « personnalisable » et dès lors plus approprié aux besoins de chacun.

Comment envisagez-vous la suite ? De quoi auriez-vous besoin pour l’aborder au mieux ?

Des certitudes,….,o) Pouvoir établir un planning de reprise de nos actions et les préparer.

Comment votre public est-il affecté par cette période ?

Notre public est large, vu la variété des activités et projets que nous menons.

En ce qui concerne les seniors, avec lesquels, personnellement je travaille le plus, ils souffrent beaucoup de l’isolement et de la suppression des activités qui étaient organisées pour eux, pour leur permettre des rencontres et des moments de convivialité.

Mais ce ne sont pas seulement nos activités qui leur manquent, mais aussi leurs points de rencontre. La fermeture du RestO social, par exemple, en a affecté beaucoup. Cela a eu un impact sur leur budget mais aussi évidemment, sur leur réseau social. Beaucoup s’y rendent pour rompre la solitude….

J’entends beaucoup de personnes exprimer la peur de se rendre chez le médecin et négliger ainsi leur santé.

Comment pensez-vous qu’il le sera après ?

Un de « nos » seniors a réellement perdu le gout de vivre, parmi ceux qui étaient déjà moralement fragilisés. Il est hospitalisé depuis peu.

Je crains donc que certains d’entre eux seront tombés bien bas quand les rencontres seront à nouveau organisées.

Pour certains, même parmi ceux qui attentent avec impatience la reprise des activités, je crains que la peur ne les empêche de participer. Je crois que certains choisiront de souffrir de la solitude par crainte de tomber malade en reprenant les contacts sociaux.

Je me pose pour eux la question de savoir comment leur rendre la confiance? Comment réapprendre à se côtoyer, à partager des moments culturels ou festifs ?

Que faudrait-il mettre en place pour que cette période n’ait pas renforcé les inégalités (inégalités sociales, scolaires, d’accès...) ?

Je ne suis pas très optimiste et je crains que pour certains domaines le mal soit fait. Je pense à la scolarité pour les enfants ayant plus de difficultés, ayant un mauvais « contact » avec l’école. Je pense aux soins de santé qui ont été négligés. Aux démarches qui n’ont pas été entreprises à cause de la peur de sortir de chez soi.

Je crois qu’il faudra que les institutions soient souples et tiennent compte de cette période particulière dans la façon dont elles analyseront les demandes d’aide et d’interventions diverses, et notamment les CPAS.

 

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