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Interview de la Compagnie 3637

07.07.2020


1. Comment ça va au travail pour le moment, dans ce contexte de déconfinement ?

On revit peu à peu. On reprend à la fois très vite puisqu’on est autorisé·e à faire plus de choses que ce qu’on ne pensait. En effet, on déconfine rapidement et les festivals qui avaient été annulés durant la crise sont tout compte fait en partie reprogrammés, notre activité qui était à l’arrêt reprend et nous devons soudainement remoduler tout le travail préalablement fait avant le confinement. Nous avons également plus de travail que sur un mois de juin/juillet normal, beaucoup de formulaires à remplir pour des états de lieux de situation, ou le fond d’urgence, de suivi quant aux mesures de soutien pour le secteur auxquelles nous devons rester très attentif·ve·s.

Et en même temps, la reprise est lente puisque la majorité des activités a été annulée (représentations théâtrales). On redémarre en septembre/octobre mais tout est en suspens car personne n’est sûr de la situation et les lieux qui proposent nos représentations tardent à s’engager et à signer les contrats (quid d’une nouvelle vague ? possible reconfinement ?)

2. Pouvez-vous décrire en quelques mots votre activité professionnelle en général ?

La Compagnie 3637 est une compagnie de théâtre Bruxelloise qui s’empare de sujets forts, vastes et complexes à l’image du monde dans lequel nous vivons (l’égalité des genres, la désobéissance civile, le travail, l’équité entre Homme et Nature, la sexualité, etc.). Des sujets pour lesquels nous ressentons une urgence à (ré)affirmer, (ré)introduire une place pour chacun·e, pour des visions du monde différentes, dans la défense d’un vrai vivre-ensemble, multiple et diversifié. En ce sens, les valeurs de liberté, de singularité et de respect des différences constituent nos valeurs fondamentales.

Nous créons et développons pour chaque spectacle un langage scénique spécifique fondamentalement lié aux propos et au public que nous désirons rencontrer.

3. Pouvez-vous expliquer en quelques mots la manière dont le confinement a modifié votre travail ?

Le confinement a nécessité un nouveau mode de travail, celui du télétravail en partie pour moi qui gère la partie administrative de la compagnie. Toutes les réunions se sont faites par Zoom alors qu’auparavant, elles étaient majoritairement en présentiel. Aujourd’hui, bien que le déconfinement soit à un autre stade, la visio-conférence reste encore très utilisée.

Nous avons également dû faire de nombreuses recherches de fonds de soutiens possibles par rapport à la situation de crise (pour pallier aux recettes que nous n’avons pas eues suite à l’annulation des représentations, pour aider certain·e·s de nos employé·e·s dans une grande précarité), en plus des recherches de fonds que nous faisons pour nos projets en temps normal.

Pour la partie artistique, la modification a été radicale : une mise à l’arrêt totale…

4. Comment le déconfinement se passe-t-il ?

Dès que cela a été possible, la travail artistique a repris avec un laboratoire de recherche pour se remettre en jeu et se retrouver dans le travail et ça a fait du bien !

 Toutes les activités (création, diffusion, représentations) sont très chargées pour la fin de l’année 2020, les reports venant combler chaque période libre, tout en restant relativement incertaines tant que la situation sanitaire reste instable.

 5. Quelles sont les questions qui se posent dans votre travail dans ce contexte ?

Qu’est-ce qu’il sera vraiment possible de faire à la rentrée ? Comment garder du sens à ce qu’on fait si on ne peut plus le faire tel quel ?

6. Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez à ce stade dans votre travail et comment envisagez-vous les semaines qui viennent ?

Gérer les plannings qui se chevauchent avec les différents reports et anticiper un avenir incertain… les semaines qui viennent seront encore beaucoup dédiées à gérer les conséquences de l’arrêt de nos activités.

7. Si vous aviez des demandes à formuler

- à votre secteur, qu’il reste solidaire
- aux autres secteurs, qu’ils restent solidaires
- au CLPS-Bw, qu’il reste présent
- à la société civile, à la population, qu’elle se réinvente structurellemen
- aux autorités, qu’elles prennent tout le monde en considération, sans paternalisme.

quelles seraient-elles ?

8. Y a-t-il des choses que vous souhaiteriez garder de cette période de confinement ?

Les contacts avec les gens qu’on apprécie.

9. Comment envisagez-vous la suite ? De quoi auriez-vous besoin pour l’aborder au mieux ?

On espère une vraie reprise et que cela pourra tout de même avoir un impact positif pour la suite. L’expérience de ce confinement nous a forcé·e·s à revoir les choses - même les plus instituées- ! Je pense notamment aux Rencontres de Théâtre Jeune Public qui se déroulent à Huy chaque été au mois d’août. Véritable événement pour le secteur, temps de visibilité pour les compagnies qui présentent leurs projets et marché pour les programmateur·rice·s qui finalisent leurs saisons au cours de cette semaine marathon (avec une moyenne de 42 spectacles en 1 semaine !).

Suite à la crise, l’événement a été annulé. Les organisateur·rice·s ont tout d’abord proposé de présenter ces spectacles en visio, mais les professionnel·le·s du secteur, compagnies comme programmateur·rice·s n’étaient pas d’accord, cela n’avait vraiment aucun sens. En réponse à cette proposition, cela nous a permis de réfléchir ensemble à ce qu’on pouvait imaginer comme alternative, en écoutant les propositions et réalités de chacun·e (certains spectacles n’ont par exemple pas pu finaliser leur création dont les répétitions devaient avoir lieu pendant le confinement…) et de constater que nous avons été écouté·e·s.

Les représentations ont finalement été post-posées aux vacances de Toussaint et de Noël. Cette année, en plus des programmateur·rice·s, les pièces seront jouées devant le tout public, ce qui est un grand changement et un soulagement aussi. Parce qu’on ne joue pas un spectacle de la même façon face à un public d’adultes – et d’autant plus composé uniquement de professionnel·le·s – que face à un public d’enfants. Pour nous, c’est essentiel d’avoir un public qui corresponde à la tranche d’âge de nos spectacles, c’est donc une nouveauté tout à fait appréciable et appréciée !

Cette édition 2020 des Rencontres de Huy qui se déroulera en partie en Liège et en partie à Bruxelles, est tout à fait exceptionnelle. Ce sera peut-être, fort de cette nouvelle expérience, l’occasion de remodeler son déroulement à l’avenir, espérons-le !

10. Comment votre public est-il affecté par cette période ?

On ne sait pas trop puisqu’on ne l’a pas encore revu. On imagine qu’on a du manquer à une partie d’entre elles et eux.

11. Comment pensez-vous qu’il le sera après ?

On espère qu’il ne sera pas frileux à retourner voir des spectacles « pour de vrai ».

12. Que faudrait-il mettre en place pour que cette période n’ait pas renforcé les inégalités (inégalités sociales, scolaires, d’accès...) ?

Un vrai statut social pour les artistes, qui restent malheureusement bien maladroitement assimilé·e·s à des chômeur·euse·s et doivent sans cesse se justifier auprès de l’Onem pour le travail qu’ils et elles font..

13. De quoi votre institution aurait-elle besoin pour éviter ce renforcement des inégalités pour votre public ?

Que l’enseignement autorise les ateliers artistiques et les sorties scolaires.


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